
Le
26 février 2003, Matra annonçait officiellement
son intention d'arrêter ses activités de production
automobile afin de se recentrer sur des activités d'ingénierie.
Le lendemain, Renault annonçait qu'il ne comptait pas
reprendre la production de l'Avantime dans une de ses usines.
A peine un an et demi après son lancement, le Renault
Avantime était donc condamné à disparaître
prématurément du marché automobile. La
Galaxie Automobile revient sur les raisons de cet échec.
Lors
de son lancement en Octobre 2001, le Renault Avantime était
présenté comme étant le précurseur
d'un nouveau concept automobile (celui des coupéspaces)
censé offrir une séduisante alternative aux classiques
berlines (607 et autres Allemandes). Renault et Matra visaient
essentiellement des couples de retraités plutôt aisés,
ayant possédé auparavant un monospace mais leurs
enfants ayant grandis, n'avaient plus l'intérêt de
ce type de véhicule. Les cadences de production devaient
être comprises entre 80 et 100 véhicules par jour,
mais la réalité fût tout autre
Bien
que courte, la carrière de l'Avantime ne fût pas
des plus paisible tant les problèmes furent légions.
En effet, bien que la commercialisation de l'Avantime fut repoussée
à maintes reprises afin notamment de fiabiliser les portes
à double cinématique, cette dernière n'était
pas exempte de défauts de qualités. Si bien qu'en
fin de carrière, il était nécessaire de vérifier
systématiquement chaque Avantime qui sortait des chaînes
de production. Si cette vérification systématique
était un gage de fiabilité évidente, elle
a aussi contribué a augmenter considérablement les
coûts de production (ce qui n'est pas rien lorsque l'on
sait que Matra affirmait perdre un million d'€uros par jour!).
Toutefois, cette vérification systématique- sur
laquelle Renault n'a jamais joué d'ailleurs- n'a pas suffit
à "crédibiliser" le modèle. En
effet, la clientèle du segment S est une des clientèles
les plus exigeantes du marché automobile. Or, bien que
l'Avantime présentait une image et une personnalité
forte, cette dernière n'était cependant pas suffisante
pour faire oublier la finition déplorable de l'Avantime.
En effet, les matériaux utilisés n'étaient
pas digne d'un haut de gamme. En outre, la planche de bord très
proche de celle d'une Espace III- qui était en fin de carrière-
a aussi contribué à ternir l'image de l'Avantime.
Dans un segment aussi élitiste que le segment S, la clientèle
ne pardonne pas de tels économies. Il est vrai, qu'il n'est
jamais valorisant pour un haut de gamme de récupérer
"le mobilier" d'un véhicule à vocation
familiale. Toutefois, ce clin d'il visible à l'Espace
III rappelait aussi que les "dessous" de l'Avantime
n'étaient pas des plus modernes puisque châssis et
trains roulants étaient identiques à cette dernière.
Si la base de l'Espace III était très saine, par
rapport à la concurrence notamment, l'image de l'Avantime
n'en était pas moins ternie, puisque ce qui nous était
présenté comme une nouveauté était
déjà technologiquement dépassée par
d'autres Renault avec lesquels l'Avantime devait batailler
pour se faire une place sur le marché! En effet, lors de
sa sortie, l'Avantime n'était proposé qu'avec un
3.0 V6 de 210ch. Bien que le succès ne fût pas au
rendez, l'Avantime n'avait pas à souffrir de la concurrence
de ses soeurs puisque tant la Safrane que l'Espace III étaient
en fin de carrière. Or, lorsque Renault se décida
à proposer une vrai gamme pour son Avantime (en proposant
notamment les motorisations 2.0 Turbo 16v et 2.2 Dci 150 ch),
la Renault Vel Satis - perçue comme la vrai remplaçante
de la Safrane- venait d'être lancée depuis quelques
mois et l'arrivée de l'Espace IV, présentée
comme la troisième offre du haut de gamme de la marque
au losange, était imminente. C'est au moment où
est apparu une vraie gamme autour de l'Avantime, que ce dernier
a eut le plus à souffrir de la concurrence interne, d'autant
plus que les Vel Satis et Espace IV sont bien mieux armées
technologiquement pour représenter Renault dans le segment
S, que ne l'était l'Avantime.
Il se pose dès lors une question! L'Avantime avait-il sa
place au sein du segment S ?
Il semblerait que la plus grosse erreur de Renault s'est opérée
sur ce point. En effet, en présentant l'Avantime comme
un haut de gamme, Renault avait pris un risque bien supérieur
qu'en le présentant comme un véhicule du segment
M2 (406, 406 coupé, Laguna,..).
Bien que le concept soit nouveau et le design trop décalé,
il est fort probable que le succès aurait été
au rendez-vous, si l'Avantime avait été présenté
comme un véhicule du segment M2. Le succès de l'Avantime
Helios semble d'ailleurs corroborer cette thèse. Présenter
l'Avantime comme un véhicule du segment M2 aurait pu permettre
de proposer une politique tarifaire plus agressive et de rendre
ainsi le concept moins élitiste. Ne nous y trompons pas,
la clientèle de l'Avantime se trouvait non pas dans le
segment S, mais bien dans le segment M2. Le succès de l'Avantime
Helios - qui a permis de doubler les cadences de production; qui
sont ainsi passé à plus de 25 véhicules par
jour - en est la preuve irréfutable.
Autre
fait accablant. La firme au losange n'a jamais eut une réelle
campagne de publicité en faveur de l'Avantime. Hormis quelques
mois avant sa commercialisation, les campagnes publicitaires visant
explicitement l'Avantime sont restés rares, tout comme
le nombre d'Avantime présentés dans les nombreuses
concessions de la marque. Il est certain que cette faible diffusion
au sein du réseau Renault a porté préjudice
à l'Avantime, laissant ainsi croire que Renault ne croyait
pas lui même en son véhicule! Or si un constructeur
ne croit pas en son véhicule, comment espérer que
les clients puissent croire en la pérennité du modèle.
Boudé par le public, "délaissé"
par Renault, critiqué pour sa finition, L'Avantime était-il
pour autant voué à l'échec ?
Comme nous l'avions évoqué précédemment,
l'Avantime Helios tend à prouver le contraire. En effet,
l'élasticité prix était tel que les ventes
de ce concept novateur auraient pu être plus importante,
si ses prétentions tarifaires avaient été
moins élevés.
Enfin rappelons que la première génération
d'Espace a mis du temps avant que ses ventes ne décollent,
sachant que durant sont premier mois de commercialisation, seul
3 véhicules avait trouvé preneur. Cette comparaison
avec l'Espace, qui est aujourd'hui, de toute évidence,
un succès nous permet d'affirmer que l'Avantime, ce concept
MADE IN France, est mort trop tôt.
La mort de ce modèle consacre aussi l 'échec de
la firme au losange qui souhaitait remplacer sa Safrane par une
offre composée de trois véhicules " hauts de
gamme". Sur ces trois véhicules, seul l'Espace IV
tire son épingle du jeu, l'Avantime étant "décédé"
et la Vel Satis se vendant à des quantités inférieures
aux prévisions de départ.
Toutefois gageons que notre créateur d'automobile nationale
nous ressortira, à long terme, un remplaçant à
l'Avantime, bien mieux finis et sous des formes plus " emballantes
".
Toujours est-il, qu'en attendant ce jour, les quelques 8600 Avantime
produits à ce jour sont dores et déjà des
collectors.
Hatem
Ben Ayed alias Ramses2
(reproduction interdite)
16/06/2003
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