
1/
Pourquoi avoir arrêté l'Avantime ?
Renault
était le seul client de Matra Automobile, qui ne produisait
plus que l'Avantime.
En 1996, lors de la sortie de l'Espace III, Renault avait prévenu
Matra que le futur Espace IV serait produit par Renault. Toutefois,
la collaboration entre Renault et Matra n'était pas remise
en cause et lorsque Matra présenta l'Avantime à
Renault, le constructeur au losange accepta d'assurer la commercialisation
de ce concept made by Matra. Toutefois, Matra aurait du rechercher
d'autres clients, étant donné qu'il était
fort probable que l'Avantime - même en cas de succès
- ne suffise pas à faire vivre Matra à lui seul
pas plus qu'avec l'aide de la Matra M72, dont la commercialisation
avait été envisagée lors du Mondial de l'Automobile
2002.
Finalement, Matra qui perdait 1 million d'€ par jour sur
la production de l'Avantime a préféré cesser
ses activités productives et se recentrer sur une activité
d'ingénierie.
Néanmoins Matra assurera la production des pièces
détachées pour les premières générations
d'Espace et pour l'Avantime.
2/ Échec du design ou échec du concept ?
Bien
que le concept soit trop nouveau et que le design soit assez décalé,
l'échec de l'Avantime ne peut complètement s'expliquer
ni par l'une, ni par l'autre de ces affirmations.
L'échec de l'Avantime est avant tout un échec de
positionnement ! L'Avantime n'aurait pas du être présenté
comme étant un véhicule du segment S mais du segment
M2.
En effet, l'Avantime n'avait pas, contrairement aux Vel Satis
et Espace IV, le profil requis afin de se placer dans un tel segment.
En outre, le lancement raté et quasi-simultané à
celui de la Vel Satis a produit une confusion avec cette dernière.
Autrement dit, l'Avantime était confondu avec la Vel Satis,
qui était néanmoins perçue comme étant
la vrai remplaçante de la Safrane. Ceci confère
ainsi à la Vel Satis une assise et une légitimité
afin de s'affirmer dans le segment S, ce qui n'était pas
le cas de l'Avantime.
Or cette commercialisation simultanée, a crée une
concurrence entre les deux modèles, qui a tourné
à "l'avantage" de la Vel Satis, qui en plus de
sa légitimité était plus cossue et mieux
finie.
L'échec est aussi dû au positionnement prix de l'Avantime.
Le positionnement de la gamme était mauvaise. Ainsi, la
version de base était trop chère et beaucoup trop
dépouillée ( pas de toit panoramique, ni de jantes
en aluminium
). Cette version de base ne correspondait pas
à l'esprit du concept (pas de fonction grand air
)
La série spécial Hélios aurait fait sans
conteste une bonne version de base.
Enfin les nombreux problèmes de qualités connus
par l'Avantime n'ont pas arrangé les choses, pas plus que
sa mauvaise finition, qui ont ternis l'image d'un modèle
se voulant haut de gamme et qui devait offrir par conséquent
une image irréprochable sur ces deux aspects. Habituellement,
les constructeurs, afin de déceler les problèmes
de qualités, exercent un contrôle qualité
sur un échantillon de véhicule. En fin de carrière,
les problèmes de qualités étaient tels que,
toutes les Avantime étaient systématiquement vérifiées.
Cela a contribué à améliorer la qualité
de fabrication de l'Avantime. Mais cette précaution est
arrivé bien tardivement et n'a pas été sans
incidence sur les coûts de fabrication !
3/
Pourquoi ne pas avoir repris la production de l'Avantime dans
une usine Renault?
Il
semblerait que la possibilité avait été étudiée
par Renault. L'usine de Sandouville -qui produit aussi l'Espace
IV- avait été pressentie à un moment, étant
donné qu'elle était la seule usine qui pouvait techniquement
reprendre la production. Toutefois, les investissements nécessaire
étaient trop élevés par rapport aux objectifs
et aux volumes de vente de l'Avantime. L'idée fût
vite abandonnée et Renault n'a pu que déplorer l'annonce
faite par Matra d'arrêter la production de l'Avantime.
4/
L'Avantime c'est finit, ou le concept sera t-il réactivé
sous d'autre forme?
Il
n'est pas exclus que l'Avantime revienne sous une forme nouvelle!
Toutefois reste à savoir quand et sous quelle forme? L'Hélios
a été un succès et a prouvé que le
concept initialisé par l'Avantime avait un potentiel. Si
Matra avait eut d'autre client que Renault et si l'Hélios
avait été commercialisé plus tôt
5/
Quels enseignements pour Renault?
Un
tel échec n'est pas sans conséquences, ni sans enseignements!
A l'avenir, la firme au losange devra apprendre à peaufiner
ses lancements! Plus question de lancer un modèle à
"l'arrache" comme ce fût malheureusement le cas
avec l'Avantime.
Ce lancement raté a terni l'image d'une automobile qui
se voulait élitiste. En outre, le lancement proche de celui
de la Vel Satis - autre haut de gamme au design novateur- a crée
une confusion entre les deux produits. Cette confusion a été
favorisée par une politique marketing pour le moins désastreuse.
L'arrêt de l'Avantime est un échec cuisant pour Renault
sachant que le modèle a été utilisé
dans la campagne publicitaire " Renault créateur d'automobile
" où la marque au losange se targuait d'être
le précurseur de nouveaux designs.
Le design de l'Avantime avait ses adeptes et celui de la Mégane
II qui est une mini copie de l'Avantime est très bien accepté.
6/Un
frein à la création de nouveau concept à
l'avenir ?
Non
! Cet échec ne refroidira pas Renault ! Il est même
possible que l'Avantime revienne plus tard. Toutefois, il est
probable que les autres constructeurs ne se lanceront pas dans
le coupéspace de sitôt, mais ça pourrait venir
Dans marché qui tend à se tourner vers les véhicules
de loisir, il faudra bien à un moment ou un autre faire
de la nouveauté. Le coupéspace devra toutefois gagner
ses lettres de noblesse, comme l'a fait le monospace. Le Renault
Espace ne s'est il pas vendu à 3 exemplaires lors de son
premier mois de commercialisation ?
Hatem
Ben Ayed alias Ramses2
(reproduction interdite)
22/06/2003
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