Au
fil des générations, la BMW M3 a su évoluer
dans le bon sens sans jamais perdre de son charme, de sa bestialité
ou encore de son efficacité. Avec cette 3° mouture
présentée en 1999 à l'occasion du salon de
Genève, la BMW M3 semble enfin être arrivée
à maturité. Mais est-elle pour autant sans reproche
?

D'un
point de vue stylistique, le travail effectué par l'équipe
de Chris Bangle semble avoir échappé au pire! Non
pas que la M3 soit moche, mais elle semble avoir échappé
comme par miracle au massacre orchestré par le désigner
américain et son équipe. En ayant passé outre
le récent restylage de la gamme série 3 coupé,
la M3 se démarque encore de ces dernières. Et c'est
heureux !
Si elle avait été restylée, la M3 aurait
sans doute perdu un peu de sa bestialité. Plus large de
20 mm par rapport aux autres coupés série 3, la
M3 semble plus ramassée que le reste de la gamme. Les jantes
de 18 pouces montées en série, le capot spécifique
en aluminium (qui pèse 40% de moins qu'un capot classique),
ainsi que le kit carrosserie (becquet arrière, ailes gonflées
avec grille d'aération
.) participent pleinement au
bel équilibre de la bête (ou de la belle ?) Munichoise.
Le volumineux système d'échappement, qui comprend
2x2 sorties a engendré la suppression pure et simple de
la roue de secours. Heureusement qu'ils ne servent pas qu'à
faire jolie!
A
bord, la planche de bord est héritée du reste de
la gamme e46, ce qui constitue un gage de finitions soignées
et d'assemblages de qualités. Cependant, l'intérieur
a fait l'objet de quelques attentions particulières comme
en attestent le volant M, le pommeau de levier de vitesse éclairé
ou les compteurs spécifiques avec compte tour modulable.
Ce compte tour est équipé de diodes électroluminescentes
qui, moteur froid, s'allument en orange à partir de 4000
tr/min. Au fur et à mesure que le moteur monte en température,
les diodes s'éteignent par tranche de 500 tr/min, jusqu'à
ce qu'il ne reste qu'une diode orange et une rouge à température
normale. Un système qui n'a rien d'un gadget puisqu'il
permettra d'éviter de " taper " à froid
sur le 6 en ligne de façon involontaire et donc de protéger
les segmentations d'une usure prématurée.
Les sièges qui sont recouverts de cuir sont eux aussi spécifiques
à la M3. Non content d'offrir un bon maintient latéral,
ces derniers bien que fermes offrent un bon confort notamment
grâce au dossier à largeur variable qui s'adapte
à la morphologie du pilote.

Une
fois à bord, il est naturel d'être pressé
de mettre en route le 6 en ligne et de titiller les 343 ch. Le
moteur de cette M3 a été hérité de
la précédente génération. Toutefois,
ce dernier a été retravaillé de fond en comble
afin de pouvoir accepter des hauts régimes et d'offrir
un rendement élevé (105,6 ch/l). Au final, le e46
gagne 22ch pour une cylindrée quasi inchangée (+45
cm3) et un rapport volumétrique de 11,5:1. Ce surplus de
puissance servira en partie à gommer le surplus d'embonpoint
de cette M3 (+ 80 kg).
Comme
pour un V6 Alfa Roméo, le 6 en ligne préparé
par Motorsport offre une sonorité très flatteuse
et affiche un caractère très personnel.
Grâce au double VANOS et à la disponibilité
du couple à bas régime (80% dès 2000 tr/min),
les premiers tours de roues permettent de mettre en évidence
la remarquable élasticité de la M3.
Double VANOS ? Kesako ?
Le double VANOS est une commande variable des arbres à
came. Concrètement, un pignon de chaîne, relié
au vilebrequin par une chaîne à rouleau double, est
raccordé à l'arbre à came par un arbre cannelé
à denture hélicoïdale. Cet arbre cannelé
peut se déplacer axialement, ce qui produit un mouvement
relatif entre l'arbre à came (qui peut varier de 60°
d'angle de vilebrequin dans le cas de l'admission et 46° pour
l'échappement) et le pignon de chaîne. Cela permet
ainsi d'obtenir un moteur plein à tous les régimes
et plus réactif lors des relances. En outre, pour en finir
avec la partie technique, l'ouverture des papillons est commandée
par le conducteur. Ce dernier a le choix entre un mode confort
(qui s'enclenche automatiquement à chaque mise en route
du moteur) et un mode sport qui offre plus de réactivité
en contre partie d'une plus grande brutalité du moteur.
Revenons
en à nos moutons, ou plutôt à notre M3, dont
le moteur n'est pas encore tout à fait chaud.
Si on ne cherche pas à la taquiner, la bête se laisse
gentiment dompter. Cependant, dans ces conditions, la sensation
de " douceur " est vite atténuée par la
faute de suspensions fermes et de pneus larges qui répercutent
les moindres défauts de la chaussé.
Au fur et à mesure que la M3 monte en température,
l'allure s'accélère enfin et la M3 montre qu'elle
n'a rien perdu de sa bestialité d'antan. Les performances
et les sensations délivrées sont d'un haut niveau
et conforme à ce que l'on attend de ce type de véhicule.
Bien que moins puissante qu'une RS4 ou qu'une CLK 55 AMG, la M3
n'a pas à rougir en terme de performances et remporte la
palme en terme de sensations. Ajoutons à cela que le moteur
est associé à une boîte de vitesse manuelle
à 6 rapports qui est - comme de coutume chez le constructeur
bavarois - idéale pour la conduite sportive, tant les passages
de rapports s'effectuent rapidement et en toute facilité.
343 ch sur le train arrière ne sont pas toujours simple
à maîtriser. Il suffit de débrancher les gardes
fous électroniques pour s'en convaincre. Dans le cas contraire,
l'électronique, bien secondé par une répartition
des masses optimale (de l'ordre de 50/50) permet de maintenir
la M3 sur les bons rails.
En plus du classique DSC+III et du système CBC qui permet
de freiner une ou plusieurs roues en courbe, la M3 est équipée
d'un pont autobloquant variable développé par Motorsport.
Ce pont calcule la vitesse de rotation des roues motrices, ce
qui permet d'améliorer l'adhérence sur chaussé
humide.

Les
suspensions qui tantôt paressaient fermes, maintiennent
parfaitement la caisse et évite tout mouvement de pompage
en utilisation sportive. Ils contribuent ainsi grandement à
la bonne tenue de route de la M3, qui malgré un léger
flou directionnel autour du point zéro, n'a jamais été
aussi efficace
ce qui n'est pas le cas des freins.
Comme pour la précédente génération,
la M3 e46 est dotée de frein efficace tant qu'il ne sont
pas trop sollicité. Leur peu d'endurance à l'échauffement
engendre une rapide baisse d'efficacité en utilisation
sportive. Bref, n'espérez pas enchaîner les tours
de piste en M3. Ce défaut est indigne d'une automobile
de ce calibre et à l'heure où Porsche et Mercedes-Benz
sont passés à l'ère du céramique,
BMW se doit de réagir au plus vite.
Affichée
à 58000€, la BMW M3 n'est pas vraiment donnée,
d'autant plus que sa liste d'options peut faire exploser le prix.
Cependant pour ce tarif, elle offre de brillantes performances
et des sensations magiques. Et si son entretien sera forcement
coûteux, sa fiabilité et sa faible consommation (11,2
l en conduite normale) serviront de lots de consolation.
Sportive
pure et dure, la M3 n'est pas pour autant destinée à
une utilisation sur circuit. Si les performances sont d'un haut
niveau, la M3 est aussi une voiture de standing grâce à
sa finition soignée et son confort quasi équivalent
à celui du reste de la gamme série 3. De plus, le
manque d'endurance de ses freins crées un vrai problème
dans la mesure où la M3 n'est pas vraiment exploitable
sur circuit. Un problème auquel BMW se devra de réagir,
car si certain pays dispose d'autobahn, d'autre dispose de radars
particulièrement nuisibles pour le permis et le plaisir
de rouler.
Fiche
Technique de la BMW M3 e46
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Nombre
de cylindres: 6 en ligne
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Cylindrée:
3246 cm3
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Puissance
fiscale: 25 cv
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Puissance
maxi: 343 Ch à 7900tr/min
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Couple
maxi : 37,2 mkg à 4900tr/min
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Vitesse maxi: 250 Km/h (limitée)
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1000
M départ arrêté: 24,8s
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0 à 100 km/h : 5,2s
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Reprises,
80 à 120 Km/h :
-4,8s
en 4°
-6,5s
en 5°
-9s
en 6°
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Pneumatique : 225/45 R18 Z à l'avant et 245/40 R18Z
à l'arrière
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Poids: 1560 kg
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Coffre: 410 dm3
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Boîte : BVM 6 vitesses |
Prix à partir de 58 000 |
Hatem
Ben Ayed alias Ramses2
(reproduction interdite)
11/09/2004
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