Derniers
modèles de la gamme Lada, les 110, 111 et 112, sont apparues
en 1998 sur le marché français, mais elles existaient
déjà en Russie depuis 1995. Pour le prix d'une compacte
d'occasion, la 112 vous propose ses services à un prix
défiant toute concurrence. Reste qu'à 7 677€,
il ne faut pas s'attendre au grand luxe, la 112 prônant
les vertus de la simplicité, un peu trop même

S'il
est vrai que cette 112 n'est pas une beauté fatale, elle
arbore néanmoins un style résolument plus moderne
que celui de la vieillissante Samara, qu'elle est d'ailleurs appelée
à remplacer. Sur le plan du style (qui relègue la
visibilité arrière au second plan), il n'y a pas
à dire, cette 112 est la plus "belle" et la plus
homogène
de la gamme actuelle du constructeur russe.
La 112 est équipée d'un petit aileron, dont la présence
est aussi humoristique que malvenue. L'association de cet aileron
à des enjoliveurs "Carrefour" relève de
la faute de mauvais goût (et même du "jackysme"),
mais curieusement cela contribue néanmoins à donner
une impression de dynamisme à cette voiture qui inspire
globalement la robustesse. Toutefois, il convient de se méfier
des apparences étant donné que les assemblages des
différents éléments de la carrosserie sont
loin d'inspirer la robustesse. L'assemblage des différentes
pièces de carrosserie est à des années-lumières
des standards actuels en la matière, l'espacement entre
les divers panneaux de carrosserie n'étant pas régulier.
Toutefois, nous n'avons pas constaté de jeux entres les
différents panneaux et la peinture semble être d'une
qualité correcte. Ouf !!
Une fois à bord, on est tout de suite frappé par
le design de la planche de bord digne des 80's.
Ainsi, cette dernière n'est pas sans rappeler les planches
de bord des Citroën d'antant (Visa, BX, ZX
) qui arboraient
le fameux "satellite". Chez Lada, on ne fait pas les
choses à moitié. Ainsi, le constructeur russe propose
une finition et une ergonomie aussi modernes que le design de
la planche de bord ! La finition est tout simplement catastrophique.
Les plastiques utilisés, qui sont durs et qui sonnent creux,
sont d'une qualité désastreuse et les ajustements
des diverses composantes du mobilier sont déprimants. Il
est parfois nécessaire de clipser à la main certains
éléments de la planche de bord. Ainsi, la montre
à Quartz ne tient qu'a un fil et il suffit d'essayer de
régler l'heure pour que cette dernière vous reste
entre les mains. Il convient, par ailleurs, de conter une anecdote
qui s'est produite à la fin de notre essai. Au moment de
rendre les clefs, il nous a été tout bonnement impossible
de sortir de la voiture, la ceinture de sécurité
du conducteur ayant refusé de se détacher. Heureusement
qu'il n'y avait pas le feu dans la voiture !
Bien que notre modèle d'essai, qui avait déjà
parcouru 45 000 km, ne nous ai gratifié d'aucun rossignol,
parions néanmoins que ces derniers seront légions
au vu de la qualité d'assemblage.

Conduire la Lada 112 peut presque relever du défi, tant
l'ergonomie est inexistante. Même des voitures des années
80, telles qu'une 309, par exemple (ce choix n'est pas innocent,
votre serviteur étant propriétaire d'une 309 SR
de 1986) offrent une ergonomie bien supérieure à
la Lada 112 !
Ainsi, à bord de la 112, ni les comodos, ni le pommeau
de levier de vitesses ne tombent idéalement sous la main.
Pis encore, malgré un volant réglable en hauteur,
trouver une bonne position de conduite relève de la grande
aventure (pour les grands gabarits, du moins). Il nous a été
tout simplement impossible de trouver une position de conduite
nous convenant. Nous n'avons jamais vu cela jusqu'à présent,
pas même sur des véhicules dont le volant est fixe
et les sièges non réglables en hauteur. Le récent
restyling de la planche de bord (totaliseur kilométrique
électronique et nouveaux aérateurs centraux) n'apporte
aucune amélioration sur ces points, ce qui est bien dommage
car le bilan à bord n'est - heureusement - pas totalement
sombre.En effet, par un miracle presque inattendu, les sièges
à l'avant offrent un assez bon confort ! Par ailleurs,
les sièges sont recouverts d'une sellerie en velours de
bonne facture et aux couleurs chatoyantes qui se dénotent
(et détonent) avec le reste l'habitacle, plutôt austère.
Toutefois si les places avant profitent de sièges moëlleux,
à l'arrière les passagers seront moins gâtés
à cause d'une assise qui paraît trop rembourrée.
Gageons qu'avec le temps, ce problème se résoudra
avec l'affaissement de la sellerie.
Côté
habitabilité, le bilan est mitigé. En effet, les
grands gabarits pesteront contre la garde au toit insuffisante
et un espace aux jambes un peu limité à l'arrière.
Pour le reste, la Lada 112 offre une habitabilité correcte
et constitue même le meilleur rapport habitabilité/prix
du marché ! A première vue, la contenance du coffre
semble moyenne et paraît même ne rien avoir d'exceptionnelle.
Pourtant, avec un volume de 400 dm3, la Lada 112 joue la bonne
élève de la catégorie en venant se placer
tout juste derrière la Xsara (référence de
la catégorie en la matière)! Les Golf IV et 307
sont largement surpassées sur ce chapître par la
Lada. Toutefois, nous sommes en présence du seul point
où la Lada arrive à dépasser la concurrence,
certes deux à trois fois plus chère... Partout ailleurs
la 112 est surclassée! Pour les objets volumineux, la Lada
112 vous propose -Ô grand luxe- une banquette rabattable
1/3-2/3.

Pour
7677€, quel type de motorisation aurons nous le droit ? La
seule et unique motorisation disponible est "un petit"
1.5l injection et attention au détail qui tue, cette injection
est multipoint avec un système Porsche. Si, si c'est vrai
le vendeur qui s'est empressé de nous le dire !
Blague à part, ce 1500 cm3 développant 78ch à
5800 tr/min, constitue à lui seul une agréable surprise.
En effet, nous savions que ce moteur, déjà présent
sur la Samara mais avec seulement 71ch, était volontaire
mais nous ne nous attendions pas à tant de vivacité!
Sans être un foudre de guerre, ce moteur, plutôt agréable
à mener, offre des accélérations franches
et des reprises honorables à bas régimes. Ce moteur
offre des performances suffisantes (sauf en reprise sur le 5°
rapport) afin d'envisager l'épreuve de la route avec un
grand E. En effet, sur route, deux épreuves vous attendent
: le volume sonore de la mécanique et la tenue de route
défaillante. Nous reviendrons sur ces deux points ultérieurement,
mais pour le moment revenons en à la mécanique.
Plein à tous les régimes, ce moteur ferait preuve
d'un bel agrément de conduite, si ce dernier n'était
pas associé à une boîtede vitesse des plus
mal guidées. En effet, la boîte de la 112 est tout
simplement catastrophique. Si cette dernière est plutôt
bien étagée (à l'exception du 5° rapport
un poil trop long), jamais boîte de vitesses n'a été
aussi mal guidée et aussi floue, que ne l'est celle de
la 112.
En outre, pour couronner le tout, cette dernière verrouille
mal les rapports. Chez la Lada on ne fait pas les choses à
moitié; quand on fait mal quelque chose, on le fait complètement
mal ! Sur le plan de la conduite cela se solde par des changements
de vitesses aussi longs qu'hésitants. Quant au frein moteur,
n'y comptez pas, car à moins d'être habitué
a utiliser cette boîte (peut-on s'accoutumer à une
horreur pareille ?), la 112 sera déjà à l'arrêt
avant même que vous n'ayez enclenché le rapport souhaité
(la 2° dans notre cas). On aurait pu minimiser cet incident
si la Lada 112 avait des freins dignes de ce nom, mais malheureusement
la compacte russe, bien qu'ayant des disques ventilés à
l'avant, semble ignorer le verbe freiner. Ainsi, pour obtenir
des distances d'arrêt " potables", il faut se
jeter comme un malade sur la pédale du milieu, tant cette
dernière est aussi dure que la pierre. Toutefois, pas de
folie, la bébête est délicate et on a vite
fait de bloquer les roues, la 112 se passant d'un ABS qui lui
aurait pourtant fait le plus grand bien! Quoiqu'il en soit, il
est quasi impossible de doser le freinage de cette Lada et les
distances d'arrêt se révèlent tout simplement
désastreuses.
Voyager
à bord de la 112 ne sera donc pas de tout repos et nécessitera
même une vigilance de tous les instants. Malgré l'absence
d'autoradio (même en option), les risques de somnolence
à bord de la 112 seront néanmoins fort limités
tant le moteur se révèle bruyant. Ce phénomène
est par ailleurs amplifié lorsque l'on roule fenêtre
ouverte, ce qui risque d'être monnaie courante en été,
Lada ayant jugé bon de faire l'impasse sur la climatisation.
Le bruit rauque du moteur, qui de prime abord, n'est pas désagréable,
n'est pas sans rappeler celui des moteurs Fire de Fiat qui fît
le bonheur des Panda, Uno et autres Punto et Punto II. Toutefois,
dès que l'aiguille du compte-tours commence à grimper
(ça peut paraître incroyable mais le compte-tours
est de série lui!), l'habitacle est aussitôt envahi
par les bourdonnements du moteur et pour peu que la fenêtre
soit ouverte, on pourra ajouter à cela un bruit important
émanant de l'échappement ! De toute évidence,
la Lada 112 ne bénéficie pas d'un silencieux digne
de ce nom, à moins que les Russes n'aient pas la même
notion du silence que nous ! Toutefois, comme nous l'avons dit,
ce vacarme devrait permettre au conducteur de rester réveillé,
et comme toute conversation est exclue, à moins de gueuler
dans la voiture pour pouvoir se faire entendre, le conducteur
n'aura d'autre choix que de se concentrer sur la route. Ils font
de la prévention chez Lada, pas bêtes les russes
!
D'ailleurs,de
la vigilance, il en faudra pour maintenir cette 112 sur la route.
En effet, tant que le revêtement est lisse et la route droite
tout va bien, mais dès que l'on sort de ce cadre idyllique,
les choses se gâtent. En effet, la 112 se montre beaucoup
trop sous-vireuse. Ainsi, même à faible allure, la
voiture refuse de s'inscrire en courbe et chasse inexorablement
vers l'extérieur du virage. Si le sous-virage est un phénomène
normal pour une traction, la paresse du train avant de la Lada
112 amplifie ce phénomène au-delà des limites
acceptables. En outre, la direction- non assistée, la 112
étant une voiture d'hommes, oui monsieur c'est pas une
voiture de tapettes - est un exemple d'imprécision, cette
dernière n'offrant aucun feeling. Pas facile de conduire
une 112!
Quant aux suspensions, ne comptez pas dessus, elles sont aux abonnées
absentes! La Lada 112 est très mal amortie. La moindre
imperfection provoque des trépidations très désagréables
qui, de surcroît, n'arrangera en rien le médiocre
comportement routier de la 112 !

Il
est vrai que pour 7677€, il ne faut pas trop lui en demander.
Toutefois, si l'on compare cette Lada à une 309 SR de 86,
la 112 a déjà peu d'arguments à faire valoir,
la sochalienne offrant un confort et un comportement routier largement
supérieurs à son homologue russe pourtant plus récente.
Si une vieille voiture de 17 ans, fait déjà mieux,
alors imaginez ce que vaut un véhicule d'occasion de même
valeur qu'une 112 neuve ! Avant de vous lancer dans un tel achat,
nous vous conseillons de bien réfléchir, tant la
fiabilité demeure incertaine (notre modèle d'essai
souffrait d'un allumage intempestif du témoin de niveau
minimum d'essence, à chaque virage). A moins d'un achat-passion
ou de vouloir à tout prix une voiture neuve, on voit mal
comment il est possible d'acheter un tel véhicule. Cependant,
il faut bien reconnaître que le rapport habitabilité/performance/prix
est fort alléchant !
Fiche
Technique de la Lada 112 1.5i
|
Nombre
de cylindres: 4 en ligne
|
Cylindrée:
1499 cm3
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Puissance
fiscale: 6CV
|
Puissance
maxi: 78ch à 4800 tr/min
|
Couple
maxi : 11.4 mkg à 2800 tr/min
|
Distribution : 1 ACT
|
Vitesse
maxi : 171 km/h
|
0
à 100 km/h : 12,6 sec
|
Reprises,
80 à 120 Km/h :
- en 4°: 13.4 sec
-
en 5°: 18.9 sec
|
Pneumatique
: 175/70 TR 13
|
Boîte : BVM 5 vitesses
|
Prix à partir de 7677€
|
Consommation
moyenne: 7.3 l/100 km |
H.Ben
Ayed alias Ramses2
(reproduction interdite)
13/07/2003
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